Jean MOTTET
Préambule de Jean MOTTET
Dernière mise à jour : 6 févr. 2022
Pour une « belle colère »
Discours prononcé lors de la réunion tenue par le collectif Vents contraires à SARLANDE.
Je remercie le collectif Vents contraires d’avoir bien voulu
m’accorder quelques minutes pour un très bref retour en arrière sur
cette séance, dite d’information, à laquelle nous avait convié, cet été,
la multinationale RP Global. Séance au cours de laquelle des propos
assez vifs ont été échangés, propos émanant de moi, entre autres !
Il est vrai qu’en lieu et place d’une véritable concertation citoyenne,
les représentants de cette société nous avaient mis devant le fait
accompli : un mât de mesure d’une centaine de mètres installé dans
ce qui est sans doute la zone le plus sauvage de la commune, les
landes de Mériol ! Comme pour nous préparer en quelque sorte au
désastre annoncé : l’implantation de 4 ou 5 monstres d’acier et de
béton d’une hauteur de 200 mètres que la multinationale appelle
parc éolien, en fait une véritable centrale éolienne.
Il faut appeler un chat un chat.
Il y a quelques jours, avec Sandrine (merci Sandrine !) et deux
chercheurs de l’Office Français de la Biodiversité, nous sommes allés
sur le terrain, dans cette zone, si belle, si sauvage, enveloppée d’un
silence impressionnant, silence seulement troublé par le doux
murmure du Laveau, petit ruisseau que tout le monde connaît à
Mériol .
S’octroyer un moment de silence, quel luxe ! Un luxe encore
disponible, et gratuit, dans nos forêts. Luxe bientôt rendu
inaccessible par le bruit permanent, produit tantôt par le frottement
des énormes pales avec le vent, tantôt issu des vibrations
mécaniques des rotors.
Pendant une bonne heure, nous avons arpenté la zone, guidés par
des spécialistes de la flore et de la faune des zones humides, nous
nous sommes penchés sur les plantes rares, qui bordent les petites
rigoles affluentes du Laveau, nous avons touché délicatement les
jeunes pousses de joncs, typiques des zones humides, découvert des
espèces rarissimes de petites fougères. Et je dirais senti la présence
du gibier, des oiseaux, comme de la faune des bords de ruisseau.
Bref, nous avons touché du doigt ce qu’on appelle la Biodiversité,
mot un peu abstrait, parfois galvaudé par les discours des médias. Là
nous avons eu sous les yeux, entre les doigts, ce patrimoine naturel,
ce trésor que nous devons protéger au même titre que le patrimoine
architecturé, les monuments, les églises, les châteaux …
Alors oui, si l’on veut sauver une chose qui existe depuis des millions
d’années, tapie au plus profond de nos forêts (refuges de biodiversité
les plus précieux de la planète) directement menacée par
l’implantation des centrales éoliennes, on ne peut plus jouer la carte
de la modération.
Car il est urgent de réagir, dans ce domaine comme dans d’autres.
D’où cette colère, justifiée, que j’ai laissé échapper le jour du
simulacre de concertation imposé par RP Global, et les mots, un peu
durs, que j’ai prononcés à l’endroit de notre maire, Alain Meyzie
J’espère que tout le monde comprendra que dans ces paroles ce
n’était pas, bien entendu, la personne de notre maire qui était visée
mais les politiques industrielles qui menacent notre environnement.
Oui j’étais en colère, comme beaucoup d’entre vous, AVEC beaucoup
d’entre vous.
Et je reste en colère, déterminé à me battre, avec VOUS
Pour conclure, je dirais que s’il y a de mauvaises colères, il y a aussi
de BELLES colères ! dont nous pouvons être fiers !
Je vous remercie pour votre attention.
